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Tai Chi 16/06/2022

Le tai chi chuan du style Chen, qu'est-ce que c'est ?

     Pour rendre compréhensible ce qu’est le tai chi chuan, de style Chen, je vais vous raconter comment se déroule un entraînement auprès de Chen Xi Peng, un maître de la famille Chen originaire de Xi'an, en Chine.

 

Ji Ben Gong

     On retrouve du Qi Gong dans l’échauffement avec des exercices qui préparent le corps en sollicitant coordination, assouplissements et relâchement, fluidité de la respiration. Avec une notion très chinoise de travail par la répétition du mouvement : les transferts de poids, rotations du bassin et mouvements des bras ont déjà une vocation clairement martiale.

En apparence minimalistes, ces mouvements complexes, exécutés de manière millimétrée, peuvent être déclinés en mille applications martiales qui vont de la parade défensive jusqu’aux projections, en passant par les clefs de bras. Chaque partie du corps est sollicitée et peut être utilisée comme une arme. Clin d’œil à nos amis rugbymen avec de fréquents coups d’épaule pour le combat rapproché !

Les Chinois pratiquent quotidiennement le tai chi chuan moins par intérêt martial que  pour entretenir le corps et préserver la santé. Néanmoins, seule la compréhension de la vocation martiale des mouvements permet de les exécuter avec justesse. Privés de sens, les gestes sont faussés, le travail articulaire et la libre circulation du souffle en sont affectés. On ne peut plus alors parler de travail énergétique, on est en train de faire de la gymnastique.

 

Tao Lu

Les Tao Lu sont l’équivalent des katas au karaté : il s’agit de séries de déplacements en mouvement, figurant une boxe contre un adversaire imaginaire, « boxing the shadow ».

Le Lao Jia est le premier enchaînement ou Yi Lu : ce sont 75 séries de mouvements qui doivent être exécutés de manière fluide, dans la douceur, pour acquérir les bases du style Chen. Les postures basses permettent de travailler le renforcement musculaire, des transferts d’appui progressifs constituent un véritable jeu d’équilibre et un relâchement extrême permet de lier chaque mouvement au suivant jusqu’à la posture finale. Ces mouvements, souples et circulaires, constituent des parades et dégagements, des coups de poing et des coups de pied, exécutés aux quatre points cardinaux.

Bien sûr, l’apprentissage de cet enchaînement complexe demande du temps et une grande assiduité. Des formes courtes ont donc été développées par les maîtres Chen.

On appelle Er Lu (Pao Chui) le deuxième enchainement qui consiste en une succession de mouvements explosifs, dont le fameux « coup de poing canon ». On dit qu’une fois acquis les principes de base, cet enchaînement permet l’expression de l’énergie. Le maître considère que l’aspect martial doit être développé au fur et à mesure du renforcement des capacités physiques de l’élève. Pour preuve, d’une pichenette, il envoie voler l’élève qui est trop pressé d’en découdre. Le maître Chen, campé bien bas sur ses jambes, indéboulonnable, exprime une puissance qui rend palpable la dimension énergétique du tai chi chuan.

 

Les armes

Une fois maîtrisé l'enchaînement à main nue, sont enseignés par ordre croissant de difficulté l'épée, le sabre, la lance et la halebarde.
 

Tui Shou (mains collantes)

Il s’agit d’un travail à deux qui met en contact les mains et coudes des adversaires.  Ils se déplacent en essayant  de garder le contact, le but étant d’être détendu et à l’écoute de l’autre. Ainsi, au milieu de la routine des mouvements, lorsque l’un relâche sa vigilance ou se met en défaut de posture, l’autre en profite pour déséquilibrer-attaquer avec fulgurance son adversaire, ce qui se concrétise généralement par une projection ou une clef articulaire. La technique du tui shou consiste à absorber, dévier la force de l’adversaire pour finalement la retourner contre lui.

En Chine, l’élève est introduit graduellement à cet art subtil du tui shou qui donne lieu à des compétitions, en une forme de lutte chinoise.  

Sanshou

Le sanshou, l’entraînement au combat, est la dernière étape de cet apprentissage qui met l’accent sur le travail énergétique et le respect de l’autre.
Néanmoins, comme la majorité des élèves viennent au taichi pour son aspect « santé et bien-être », peu d'écoles, même en Chine, transmettent la dimension véritablement combative du tai chi chuan.

 

Niveaux de pratique

Bien sûr, à l’image des autres sports, il existe différents niveaux d’engagement physique : le tai chi chuan se pratique jusqu’à un âge avancé, par des mouvements doux et respectueux de l’intégrité physique. Plutôt que de forcer, il est préférable de travailler sur le relâchement musculaire.
Pour autant, le sportif qui embrasse le tai chi chuan de manière intensive peut connaître un état de dépassement de la douleur musculaire semblable à celui qu’expérimentent les joggers au-delà d’un certain temps de course, quand la douleur disparaît pour faire place à un sentiment de bien-être.

D’autres préféreront travailler plus en souplesse mais finalement, l’entraînement dépend de la condition physique, de l'âge, de l’engagement et des attentes de chaque pratiquant. Le maître s’adapte.

Conseillé aux personnes âgées, car pouvant se pratiquer en douceur, le taichi véritable ne se résume donc pas à une gymnastique d’entretien pour personnes du troisième âge. L’apprentissage du tai chi chuan, long et subtil, permet de se sentir bien dans son corps et dans son esprit, de savoir conserver son calme sans pour autant se laisser marcher sur les pieds. A l’image d’une boxe qui cache un poing dans un gant de velours !

Voici donc un petit aperçu du tai chi chuan de l'école Chen, j’espère que cela vous a éclairé et donné envie d’essayer à votre tour !

 

 

 

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